"En Côte d’Ivoire, le médiateur de l'Union africaine dans la crise ivoirienne propose le dialogue pour sortir de la crise postélectorale. Arrivé lundi 17 janvier 2011 dans l’après-midi à Abidjan, Raila Odinga a aussitôt entamé ses consultations avec Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Pour le Premier ministre kényan, la priorité est avant tout d’éviter l’usage de la force. Une médiation qui coincide ce mardi avec l'opération «pays mort» lancée par la coalition des partis favorables à Alassane Ouattara et avec deux réunions internationales consacrées à ce dossier.
Sans surprise, le maître-mot de la médiation de Raila Odinga est le dialogue. Orfèvre en la matière, le Premier ministre kényan a, d’entrée de jeu, proposé un dialogue entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo à partir de ce mardi après-midi. Le médiateur de l’Union africaine a même évoqué une solution en demandant à Laurent Gbagbo si une issue «à la kényane» serait acceptable. Il n’a en revanche pas brandi la menace d’une intervention militaire.
Raila Odinga a aussi de demandé à ce qu’on évite d’arriver à des «sanctions économiques catastrophiques» pour la sous-région. Selon lui, ses discussions avec Laurent Gbagbo ont été «très utiles». Le médiateur de l'Union africaine dit enfin avoir fait des «progrès», mais il n’a pas dit lesquels.
Une médiation favorablement accueillie par Laurent Gbagbo qui a marqué son accord pour le dialogue proposé par le médiateur de l`Union africaine. «Tous les sujets seront débattus dans le cadre du dialogue, a-t-dit, il n'y a pas de préalable nécessaire».
Raila Odinga a ensuite rencontré dans la soirée Alassane Ouattara au Golf Hôtel. A l'issue de cet entretien, le médiateur a qualifié leurs discussions de «très fructueuses» et annoncé leur poursuite, «sous réserve que certaines conditions soient remplies» ce mardi.
Les sanctions européennes effectives
En raison de l'entrée en vigueur des sanctions de l'Union européenne, des navires marchands de l'UE ont été empêchés d`accéder aux principaux ports d`exportation du cacao en Côte d`Ivoire, a annoncé lundi 17 janvier 2011 un diplomate de l`UE. Ces sanctions concernent le président sortant Laurent Gbagbo, 84 de ses collaborateurs et onze entités économiques.
Ce mardi 18 janvier 2011, la Côte d'Ivoire va être aussi au coeur de deux réunions internationales, à l'ONU et à la Cédéao
Le Conseil de sécurité des Nations Unies doit voter ce mardi l’envoi de renforts pour la force de l’ONUCI en Côte d’Ivoire. Et cela dans un contexte de plus en plus tendu où les forces de l’ONU ont été prises pour cible à plusieurs reprises ces derniers jours. La décision devait être annoncée vendredi dernier, mais le Conseil n’était pas parvenu à se mettre d’accord sur le texte de la résolution.
avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour
Ce sont 2.000 soldats supplémentaires que le Conseil de Sécurité doit envoyer en Côte d’Ivoire. Les effectifs de l’Onuci passeront de 7.400 à 9.400 hommes. Des renforts jugés nécessaires par les Nations Unies à un moment où la situation sur le terrain se détériore. L’ONUCI opère dans un climat qualifié par Ban Ki-Moon d’«ouvertement hostile» avec des «menaces directes par les forces loyales à Laurent Gbagbo».
Trois hélicoptères armés seront également redéployés en Côté d’Ivoire depuis la mission des Nations unies au Libéria.
Le texte de la résolution a rencontré des réticences de la part de certains membres, en particulier de la Russie. Moscou, mais aussi la Chine ou l’Afrique du Sud ont jugé le premier texte «trop politique» alors que les Nations unies s’efforcent d’envoyer à Laurent Gbagbo un message très ferme depuis le début de cette crise.
Le plan militaire de la Cédéao
D'autre part, les chefs d'état-major de plusieurs pays membres de la Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest se réunissent à Bamako pour discuter de l'éventuel plan militaire à mettre en oeuvre pour faire partir Laurent Gbagbo, si c'est finalement l'option militaire qui est retenue.
notre correspondant au Mali a pu consulter un document de travail de cette réunion
Dans le document, il est écrit noir sur blanc qu’il faut écarter Laurent Gbagbo du pouvoir le rapidement possible. Plusieurs options sont envisagées, citons-en deux : soit la force de la Cédéao dirige l’intervention, soit ces mêmes forces s’intègrent dans la mission des Nations unies… Quelle que soit l’option militaire privilégiée, la supériorité aérienne constitue une priorité. Autrement dit, il faut contrôler le ciel ivoirien pour pouvoir terrasser Laurent Gbagbo. C’est le Nigéria qui fournira le gros des troupes, suivi du Burkina Faso et du Sénégal. Le Mali, le Togo et trois autres pays on également dit «oui» pour envoyer des troupes si l’option militaire est décidée. On ne connaît pas encore le nombre de militaires qui seront mobilisés.
Sur la table des experts restent plusieurs questions : quelles mesures prendre pour protéger les ressortissants étrangers en Côte d’Ivoire ? Comment -avec des partenaires-, organiser le blocus naval de la Côte d’Ivoire, ou encore comment assurer la sécurité le long de la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Libéria ?
Enfin, la fin de la rencontre de Bamako ne signifiera pas le début des hostilités. Les militaires, au garde à vous, attendront le feu vert des politiques.
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http://www.rfi.fr/afrique/20110118-nouvelle-mediation-kenyan-raila-odinga-cote-ivoire
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